jeudi 15 décembre 2011

Gilles: pionnier wallon de Castille à la fin du XVIème

Claudine Dehan,  que nous remercions pour sa vigilance,  nous envoie ce texte très intéressant de LUIS BARTOLOMÉ MARCOS (*) sur les pionniers wallons dont voici un extrait :

"À la fin du XVIe siècle, la Wallonie était à la tête de l'Europe en matière de technologie de fusion du fer ; elle constituait d’ailleurs une des principales régions de production. Mais, au début du XVIIème, une série de facteurs sociopolitiques (guerres, conflits religieux) et économiques (surproduction, atomisation d'entreprises) plongent cette industrie dans une profonde crise, créant des conditions pour l'émigration, tant pour la main d'œuvre que pour le capital. (...)

Tandis que se produisaient ces événements, la Couronne d’Espagne considérait d’un haut intérêt géostratégique avoir d'usines d'artillerie sur le territoire de la Castille. Après plusieurs tentatives, elle parvient à convaincre le liégeois JEAN CURTIUS de prendre en charge cette entreprise. Celui-ci commence la construction des deux premiers hauts fourneaux, dans la localité de Liérganes, dès 1617 et obtient un contrat d’exclusivité, dès 1622. Toutefois à son décès en 1628, les usines ont à peine produit quelques canons.
Après lui, une autre société, aussi hispano-wallonne, dirigée par le luxembourgeois GEORGES DE BANDE, se charge de la production ; ce dernier construit, deux nouveaux hauts fourneaux dans la localité tout proche de La Cavada, entre 1635 et 1637. A son décès, sa veuve, MARIANA DE BRITO devient propriétaire; puis la direction sera reprise par ses beaux-fils, issus du premier lit de son épouse, les OLIVARES.

En 1761, l'État, considérant qu'une industrie stratégique comme celle-ci devrait être gérée directement par l'administration royale,exproprie le Marquis de VILLACASTEL, son dernier propriétaire privé. Les usines (qui à ce moment-là adoptent la dénomination de « Royales») sont assignées initialement à l'Armée de terre (1761-1783) et postérieurement à la Marine.
 
Pendant la guerre de résistance à l'invasion napoléonienne (1808-1815), elles ont été abandonnées et ses cadres et travailleurs s’enfuient. Malgré une certaine reprise de l’activité, les dégradations internes de l’usine, tant dans sa gestion que de l’état des bâtiments, la difficulté de s'adapter à la nouvelle technologie du charbon minéral et une inondation fatale, provoquent la cessation définitive de l’activité au cours de l’année 1835. Les terrains ont été vendus et la plupart de leurs installations démolies. Aujourd’hui il ne reste pratiquement plus que la monumentale porte d’entrée.

Aux débuts, les travailleurs ont été recrutés dans « les provinces de Flandres » (comme s’appelaient alors les possessions des Habsbourgs au Pays-Bas). Mais, compte tenu de l’étymologie de leurs noms et de leurs lieux d’origine (que nous connaissons parfois) nous pouvons affirmer que ces gens étaient en majorité des Wallons, provenant des Principautés de Liège et Stavelot-Malmedy, du Duché de Luxembourg et des comtés d’Hainaut et Namur (Ardenne et Famenne surtout). "

Gilles Sizaire (Siser, variante espagnole, dans les registres), né avant 1638, et son épouse Marie CEMENT, née avant 1658,  font partie de ces pionniers wallons qui tentent l'aventure de l'Espagne.

Bien que répertorié par les auteurs de ce travail, nous ne savons pas à quel niveau intervient Gilles dans cette aventure. En effet, sont incluses dans ce travail toutes les personnes dont la naissance est documentée à l'étranger (donc nées hors Espagne) impliquées dans le fonctionnement des usines espagnoles quelques soient leurs fonctions : investisseurs, manouvriers etc.

En outre, la documentation interne des usines ayant disparue, au moins en ce qui concerne les travailleurs de base, ne permet pas de localiser les lieux de naissance exacts des individus cités.
En imaginant que Gilles ait fait le voyage d'Espagne, pourrions nous rêver de trouver ses descendants en Castille? Ou bien Gilles est-il remonté dans sa province natale ?

Vous trouverez ci-dessous les liens vers:
- GenWalBru (groupe de généalogistes passionnés de Wallonie et de Bruxelles) : www.genwalbru.be
- Génédinant (groupe d'échange et d'entraide pour la généalogie dinantaise) : www.genedinant.be

Patrick


Note
(*) Contenus produits par LUIS BARTOLOMÉ MARCOS (Novembre 2011) ; textes révisés et corrigés par MARCEL EVRARD, JEAN GERMAIN, PAUL MAGOTTEAUX et BENÔIT PAINCHART. Pour plus d’information sur ces sujets, vous pouvez consulter, dans le site web de l'Asociación Cántabra de Genealogía: http://www.ascagen.es/ les numéros 1 et 4 la revue et le “Guide de Ressources” (route: Archivos-Bases de datos / Los “flamencos” de Trasmiera / Guía de Recursos / Las Reales Fábricas...)

1 commentaire:

  1. Bonjour,

    Je suis un descendant de Grégoire Rogy (en Espagne Gregorio Roxi), un pionnier wallon arrivé à l'Espagne vers 1637 pour travailler dans les hauts fourneaux de Liérganes, fondés par l'entrepreneur de Lìege Jean de Corte (dit Jean Curtius).

    Au total à l'Espagne (Cantabrie) sont arrivées quelques 40 familles des Pays-Bas méridionaux (Hainaut, Namur, Liège)...mais peu des noms de famille d'origine wallon ont subsisté jusqu'à nos jours: Rojí (vernaculaire Rogy), Cubría (Coubriat), Lombó (Lombeaux), Arche (d'Arche), Baldor (Waldor), Bernó (Bernaut), Oslé (Hosselet). etc...

    Siser, la variante espagnole de Sizaire, n'a pas subsisté... probablement Gilles et sa femme Marie Clément sont remontés dans leur pays natal.

    Le nom de famille de Gilles Sizaire en Espagne fut écrit: Sisser (entre 1646 et 1652), et Siser (1658).

    Juan Rohrbach (Madrid, Espagne)

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