jeudi 1 juillet 2010

Dernières nouvelles de Sizaire Germain Louis Joseph

Le 26 Novembre 1913, Germain a tout juste 20 ans lorsqu'il effectue son service militaire à Charleville Mézières. Loin de se douter de son destin funeste un an plus tard, il envoie de ses nouvelles à ses parents résidant à Vicq.
Dans son courrier à ses parents, Germain espère pouvoir retrouver les siens le dimanche suivant à la faveur d'une permission, mais comme Jean Jaurès doit venir faire une conférence à cette date, Germain craint que le quartier ne soit consigné et la permission annulée.
Il peut sans doute tout à fait imaginer le contenu du discours que fera Jaurès, pacifique convaincu, inquiet de la montée des nationalismes et préoccupé par les rivalités des grandes puissances. Déjà le climat est tendu et on imagine Germain inquiet lui-même pour l'avenir car il se trouve embarqué pour 3 ans au service de la patrie. D'autant qu'une série de conflits a éclaté dans les Balkans dès l'année précédente!

Sur sa carte de 1913 à laquelle il a joint sa photo, Germain se veut rassurant pour ses parents et proches. Il est en bonne santé -c'est pour l'instant l'essentiel- et le dernier courrier qu'il a reçu de ses parents lui a fait un grand plaisir.

Le début de l'année 1914 semble ranimer les espoirs de paix mais l'assassinat l'archiduc François-Ferdinand, le 28 Juin à Sarajevo, et celui de Jean Jaurès, le 31 Juillet, par un étudiant nationaliste ne laisse rien présager de bon. La tension est à son comble. Les troupes sont sur le pied de guerre.

La mobilisation générale ne tardera pas à intervenir dès le 1er Août et le 3 Août les derniers espoirs de paix s'envolent: l'Allemagne déclare la guerre à la France.

Le 91ème régiment d'infanterie se retrouve alors en première ligne. Germain aussi.
S'en tenant au plan de bataille de Von Schliefen, les Allemands faisant fi de la neutralité de la Belgique, envahissent le pays et occupent rapidement Mons et Namur. Pour éviter l'encerclement de la Vème armée, le Général Lanzerac décide alors de se replier par le sud-ouest de Charleroi. Pour cela, il lui faut sacrifier le 91ème RI chargé de sécuriser l'aile orientale.
C'est dans le cadre de cette bataille que Germain trouvera la mort le 28 Août en compagnie de nombreux camarades.
Sans doute a-t-il été tué en compagnie du Sergent Jean Seitert en défendant d'arrache-pied le carrefour stratégique de la Thibaudine, près du village de Yoncq dans les Ardennes, pour empêcher les troupes ennemies de se diriger vers Reims.
Le sacrifice de Germain et de ses compagnons d'armes n'aura pas été vain car il permettra, quelques semaines plus tard, d'arrêter l'invasion allemande lors de la Bataille de la Marne.

Les dernières pensées de Germain furent pour ses parents, ses amis et pour ses neveux Léon né en 1908 et Alire né en 1905.
Germain n'aura pas eu la joie de connaître sa nièce, Esther, la soeur de Léon.

Je vous invite à consulter l'excellent article "Le Sergent Jean n'a pu être sauvé" de Patrick Seitert (sans commentaires pour 7R-6R, svp!) consacré à la disparition de Jean Seitert lors de cette bataille qui nous plonge dans le contexte de cette époque troublée et qui nous rapporte un extrait du Journal de Marche du 91ème RI en Août 1914.

La photo présentée sur ce billet ainsi que la carte postale de Germain nous ont été fournis par Bernadette, fille de Léon et petite nièce de Germain. Qu'elle en soit remerciée.

N'hésitez pas à nous faire part de vos commentaires sur cet article.
Patrick